Superbe championnat de France 2021 après deux ans d’interruption ! L’année dernière, il avait été annulé la veille par le préfet des Bouches du Rhône. Les années précédentes, les manches avaient été courues sur une seule journée, faute de vent à Brest, ou au contraire, à cause d’un vent trop violent à Quiberon. Un comble pour la Raceboard, catégorie polyvalente par excellence, qui peut performer de 6 à 30 nœuds !

Cette année était donc spéciale à plus d’un titre et c’est avec beaucoup d’espoir que les raceboarders avaient marqué d’une croix sur leur calendrier ce week end de la Toussaint. C’était également le national d’automne des classes jeunes en Bic Techno. Cette année, la catégorie olympique (passée de la RS x à l’IQ foil) a géré ses événements en autonomie et n’était donc pas présente ce week-end.

La Nouvelle Aquitaine était donc à l’honneur pour organiser ce championnat avec le CV Lacanau Guyenne.  Pour l’histoire le CVLG a été dans les années 90 et 2000, une place forte en France de la Raceboard avec une flotte et des coureurs de niveau international. Sa connaissance de la Raceboard est donc totale.  Pour l’occasion, le club avait réussi à mobiliser d’anciens coureurs comme Benoît Paillard, Grégory Bardinet ou Vincent Braure.  Une surprise n’était pas exclue compte tenu des acquis de ces très bons coureurs, à l’image d’un Benjamin Longy, outsider local venu à la dernière minute gagner le titre pour son club, le CNBPP en 2017.

Côté météo, on pouvait se réjouir d’avance avec toutes les conditions annoncées sur les trois jours de course. Vent d’ouest assez léger voire médium le samedi, plus soutenu le dimanche matin, basculant dans un flux d’ouest faiblissant dans l’après-midi. Le lundi s’annonçait comme une dernière journée fortement ventée avec des grains !

C’est donc dans la pinède de Lacanau et avec le sourire que la vingtaine de coureurs venus de toute la France (Lille, Marseille, Lyon, Fouesnant, Gerardmer, Tours … ) ont pu se retrouver après deux ans sans championnat pour commencer par trois manches le samedi. Les féminines courant avec les hommes … ou l’inverse ! C’est donc un classement scratch qui allait être fait avec extraction de sous classements.

Dans du 8-12 nœuds d’ouest, Benoit Paillard s’est imposé dans la première manche en montrant à tous qu’il fallait bien compter avec les locaux de Lacanau. Juste derrière, Jeanne Mailhos Vitel a montré tout de suite que même en 8,5, sa glisse et sa technique étaient de gros atouts. En particulier, Jeanne est quasi intouchable quand il faut chercher le planning dans un vent limite tout en disposant d’excellents arguments pour aller virer en tête au vent.  Elle n’a pas attendu pour le prouver en allant gagner les deux manches suivantes avec des avances significatives.

Au soir du premier jour, Jeanne pointe donc en tête suivi de Benoit Paillard avec deux manches de 3ème et une victoire. Les spécialistes du petit temps sont à la fête avec un Théo Halluite, 3ème qui se place dans le trio de tête sur chaque manche. Le classement est toutefois très ouvert avec un gros tir groupé entre les 8 premiers séparés seulement de quelques points. Il est clair que le classement risque de bouger sur chaque manche, compte tenu de l’homogénéité de la flotte et des conditions météo variées annoncées !

Le dimanche matin, le vent est bien là, plein sud, forcissant. Tout le monde part à l’eau vers 10h00. Certains hésitent en 8,5 et 9,5. Le doute est dans les esprits compte tenu du renforcement du vent annoncé. Le comité de course a pris la décision d’envoyer tôt le matin deux manches puis d’attendre la bascule plein ouest en début d’après-midi avec la mise en place d’un bon flux d’ouest.

Sur les deux premières manches du matin, ce sont donc ceux à l’aise dans la brise qui s’attendent à être à la fête. Le vent est établi autour de 15 nœuds avec des rafales à 24/25. Cependant, le plan d’eau n’est pas traître car les fortes risées sont bien visibles et ne génèrent pas trop de bascule. Place donc aux bords de près musclés et aux bords de largue abattus pleine glisse au planning pour tous. De la raceboard en mode funboard ! Fred Becquart, à l’aise dans ce type de condition, gagne les deux manches remontant de la 7ème  à la seconde place. Derrière, le classement bouge beaucoup témoignant de l’engagement de chacun. Jeanne se place avec deux manches de 5 et 6 et conserve la tête de la course.

Retour à terre pour tous avec l’occasion de revoir son matériel et d’échanger entre les coureurs sur ces conditions ventées. La bascule a bien lieu et tout le monde est rappelé sur l’eau dans de nouvelles conditions en mode petit temps. Contre toute attente, le vent n’a pas pris « des tours » comme attendu. Ce sont donc les spécialistes des petits airs qui sont à nouveau à la fête. En particulier, Jeanne Mailhos Vitel qui gagne les deux manches, intouchable, loin devant. Guillaume Gaudard, jusque-là toujours placé, en profite pour remonter à la seconde place générale avec des manches de 2 et 3. Meilleur score après Jeanne suivi de l’incontournable Théo Halluite dans ce type de temps.  Benoit Paillard, lui vit une après-midi compliquée avec une manche de 7 et un pied de mat cassé sur la suivante, donc un abandon. A noter Théo Vanbeselaere, discret mais qui monte en puissance avec deux bonnes manches de 2 et 6. Un Théo peut en cacher un autre !

Au soir du deuxième jour, Jeanne se place donc confortablement en tête avec 4 victoires de manche sur 7 courues ! suivie de Guillaume Gaudard et Fred Becquart qui a performé dans la brise et qui limite la casse dans le vent plus faible. Le lundi sera, quoi qu’il arrive, une journée importante car les 7 premiers au scratch peuvent prétendre au podium final. Une forte brise est annoncée pour le lundi, l’émulation et pour certains, « la cogite » sont bien là avec peut-être la tentation de faire la course avant la course. La nuit porte conseil…

Dernier jour de course, le flux d’ouest est bien en place avec un bon 15 nœuds et des risées à 20/22, peut-être un peu plus dans certaines. Compte tenu des enjeux au classement, presque tous gréent leur grande voile et leur voile de brise, 9,5 ou 8,5.  Personne ne veut se tromper d’autant plus que les modèles météo annoncent des rafales à 30 nœuds.  Deux stratégies s’opposent, tenter la 9,5 pour ne jamais être sous-toilé et devoir encaisser les rafales ou assurer en 8,5 pour être bien dans le vent le plus fort mais prendre le risque d’être sous-toilé dans des molles.

3 manches sont prévues, peut-être 4 mais le comité de course fixera finalement 3 manches à suivre.  Contre toute attente, Fred Becquart, le plus à l’aise la veille dans le vent soutenu, casse son aileron juste avant le départ sur un haut fond, à proximité du comité de course qui ne l’avait pas signalé à tous. S’ensuit pour lui une course contre la montre pour trouver un aileron de secours et le changer. Son secours viendra par Saint Guillaume (Gaudard) et Sainte Amandine qui lui permettront cet échange en un temps record. Au passage, il faut mettre en avant la grande sportivité de Guillaume qui joue le classement contre Fred Becquart.  Pendant ce temps, la manche est lancée et Benoit Paillard fait oublier ses problèmes de la veille en remportant la manche avec une bonne avance suivi de Théo Vanbeselaere et … Jeanne. Sur la suivante, Benoit récidive avec des bords de largue effrénés au planning, suivi de près de Fred Becquart qui revient donc dans le match. Guillaume vient compléter cette fois le podium.

Avant la dernière manche, Jeanne est certaine de garder le leadership au scratch. Par contre, pour le podium homme, il y a beaucoup d’enjeu entre Guillaume Gaudard, Benoit Paillard, Théo Vanbeselaere et Fred Becquart.  4 pour trois places !! Le suspense va aller jusqu’au bout du bout puisque durant la manche, Théo passe en tête la première marque suivie de près par Jeanne, Fred puis Benoit et Guillaume. Fred parvient à passer Théo sous le vent en enroulant la bouée à l’issue du premier tour, avec les autres protagonistes au contact tout près. Tout reste à faire. Sur l’ultime descente au grand largue menant à l’arrivée. Fred se prend en premier une première grosse risée musclée l’obligeant à commencer son bord de grand largue en mode fusée décroché du harnais. Les autres suivent dans le même mode. Il parvient à passer la dernière marque toujours en tête pour rejoindre l’arrivée à 200 mètres … mais c’était sans compter sur le dieu Eole, capable de venir balayer l’ordre établi, sans jeu de mot. Un grain colossal relevé à 40 nœuds par le bateau arrivée étale Benoît et Fred. Difficile de tenir debout et chacun doit soit attendre le bon moment en fin de grain pour repartir soit serrer les dents pour ne pas tomber ! D’une manière incroyable, le classement du championnat se joue sur un ultime grain phénoménal ! Le premier à repartir est Théo Vanbeselaere qui passe en survie, l’arrivée, en vainqueur de la manche. Jeanne le suit contre tout attendre, dans le même mode, voile étarquée de partout au maximum. Fred Becquart qui voit donc ses deux compères le passer parvient à repartir pour passer l’arrivée 3ème. Viennent ensuite Guillaume et Benoit.

Par ce dernier chapitre épique, bien malin est celui qui pourrait donner le tiercé gagnant hommes.  … en rentrant à terre, le club, très réactif a déjà fait les classements et c’est Guillaume qui est affiché premier à égalité de point avec Théo ! suivi de Fred à deux points à égalité de point avec Benoit !

Cependant Fred Becquart a réclamé contre le comité de course pour un haut fond non signalé lui ayant valu sa mésaventure à la première manche du jour. Le jury lui donne raison et le reclasse en lui enlevant en deuxième discard non plus une manche de DNC mais une manche de 7… le faisant remonter de 4,5 points et le replaçant premier Hommes … derrière l’intraitable Jeanne première au scratch.

Ce championnat que l’on peut qualifier de reprise accouche donc deux jolis podiums hommes et femmes :

Jeanne Mailhos Vitel, Morgane Dubois, Mathilde Valentin et Fred Becquart, Guillaume Gaudard et Théo Vanbeselaere.

 

Le club de voile Lacanau Guyenne peut être félicité pour son excellente gestion de l’événement aussi bien à terre que sur l’eau avec un comité de course très efficace qui a su prendre les bonnes décisions pour minimiser les attentes sur l’eau malgré des conditions très changeantes.

Tous les regards sont à présent tournés vers 2022 où France Raceboard s’active pour programmer des événements phare dont :

  • Coupe nationale par équipe au printemps,
  • Stage de Pratique perfectionnement estival,
  • Stage de Pratique performance estival,
  • Championnat de France automnal, possiblement sur Lacanau, à nouveau.

… affaires à suivre et annonces avant la fin de l’année.

Crédit photo : Amandine