Bonjour Patrik, peux-tu te présenter?

Bonjour. Je m’appelle Patrik Pollak et j’ai découvert la planche à voile grâce au ski alpin, il y a environ 35 ans. Ce qui n’était au départ qu’une alternative estivale à une activité hivernale est rapidement devenue mon principal centre d’intérêt. Venant d’un pays sans accès à la mer, derrière le rideau de fer, il m’a fallu du temps pour passer des lacs locaux à ma première participation olympique, aux Jeux d’Atlanta en 1996. Accro au vent depuis le premier jour, j’ai toujours cherché toutes les manières possibles de naviguer, avec voile ou wing, été comme hiver, bien avant que cela ne devienne populaire.

Situé à l’autre bout de l’Europe par rapport à la France, peux-tu nous parler de la pratique de la raceboard en Slovaquie et en Europe de l’Est ?

Nous avions une flotte de raceboard très solide à la fin des années 90, quand la Mistral Oone Design  était classe olympique. Ensuite, de nouveaux sports comme le kite, la Formula le Windsurf foil ou le wing ont divisé la communauté en petits groupes. Mais comme nous n’avons que des lacs en Slovaquie, avec des conditions de vent limitées, la navigation en longboard est la seule manière de naviguer régulièrement le week-end. Alors que beaucoup de disciplines du windsurf, très populaires un temps, ont vite disparu, la Raceboard est toujours restée. Nous organisons des régates le week-end avec 20 à 30 concurrents. J’ai la chance d’avoir une flotte très compétitive à la maison, ce qui me motive en permanence.

Depuis 2023, tu es Président de la Classe Internationale, succédant à Paul Leone qui a occupé ce poste durant de nombreuses années. Suis-tu la même ligne ou vises-tu des changements spécifiques ?

J’ai mes propres visions, mais elles suivent toutes le même principe : unir et servir. Des principes posés par Ceri Williams (secrétaire général de la classe Raceboard international, disparu en 2020). J’essaie de stabiliser la classe au niveau du matériel et d’ouvrir la coopération entre fédérations des pays membres. Nous avons une formidable communauté de véliplanchistes expérimentés. Mon objectif est d’éduquer et d’inspirer les jeunes, en leur présentant “l’ancienne école” de la compétition sportive : de la vraie course sur l’eau mais avec du respect à terre. Une école qui ne définit pas la valeur d’une personne uniquement par son résultat sur une course. Je veux attirer les jeunes vers notre sport par le plaisir et la liberté du windsurf au quotidien, pas par les 15 minutes de gloire qu’ils pourraient décrocher.

Tu as très bien commencé la saison, en étant très compétitif aux Mondiaux Masters et aux Championnats d’Europe. Est-ce grâce à des vitamines, ou as-tu d’autres secrets ?
Les Mondiaux Masters se sont déroulés sur mon terrain de jeu à domicile, ce qui est toujours un petit avantage en planche à voile. Comme je l’ai déjà mentionné, j’ai une flotte solide chez moi qui me pousse à m’améliorer chaque jour. Nous avons eu de bonnes conditions de vent cette année et les deux épreuves se sont tenues sur des lacs où mon expérience a compté. Pas de secret particulier : j’essaie de rester en forme, de naviguer le plus possible et d’apprendre chaque jour quelque chose de nouveau.

Un mot pour présenter ton quiver de course ?

Je n’ai rien changé à mon quiver depuis les derniers Mondiaux. J’utilise une planche R1 avec des voiles Loftsails. J’utilise l’ULW dans la plupart des conditions, et quand ça devient vraiment venteux, je passe sur mon ancienne Raceboard HW. Mon objectif cette année était de travailler sur les réglages en fonction des conditions de vent et de vagues. Je cherche d’abord à tirer le maximum de ce que j’ai, et seulement ensuite j’envisage des changements. Avec l’équipe Loftsails, nous travaillons dur sur le développement des nouvelles voiles. Cette année, je servirai de point de référence… 😊

Les Championnats du Monde à Mandelieu approchent — que t’inspire ce spot ? Le connais-tu  ?

Je n’ai jamais couru à Mandelieu, mais le sud de la France pour moi, c’est l’odeur du mimosa au printemps, les souvenirs du mistral pendant la SOF à Hyères où j’ai passé beaucoup de Pâques. Je ne crois pas y être déjà allé à l’automne, donc j’attends ça avec impatience, en espérant que nous aurons une variété de conditions pour les Mondiaux.

Ces Mondiaux de Mandelieu seront très compétitifs, avec un groupe solide de coureurs de haut niveau déjà inscrits, tous capables de gagner. Comment envisages-tu ce championnat sportivement ?

Il ne fait aucun doute que ce sera un grand événement, avec plus de 10 très bons véliplanchistes capables de gagner des manches. J’espère que nous aurons toutes les conditions de vent, car je considère la polyvalence comme ma plus grande force. J’espère être prêt à donner le meilleur de moi-même pendant l’événement. Que ce soit suffisant pour une médaille ou une 10e place, je ne peux que l’espérer. Comme toujours, je donnerai le meilleur et advienne que pourra.

Nous avons déjà dépassé les 110 inscrits, et nous pourrions atteindre plus de 130 participants. La flotte U21 approche les 30 inscrits. Que penses-tu de la participation des jeunes et quelles évolutions faudrait-il mettre en place pour attirer encore plus de jeunes et aussi des femmes ?

Je suis heureux de voir que les jeunes et les femmes reviennent dans la flotte. La Raceboard ne bénéficie absolument d’aucun soutien des fabricants en matière de publicité. Toutes les marques se concentrent sur “la nouveauté du moment”, celle qui leur rapporte le plus. Toutes ces nouvelles classes tape-à-l’œil, surtout les plus performantes, reposent sur la stratégie du “si tu veux jouer, tu dois payer”, ce que je déteste. Le meilleur matériel en Raceboard n’est certes pas donné, mais on peut entrer dans le jeu à un prix raisonnable. Et quand tu vois un gars comme Radim nous battre et gagner des manches avec une planche de plus de 30 ans, tu comprends que ce n’est pas qu’une question de matériel cher. Je pense que les jeunes commencent à le voir, et grâce à des passionnés comme Fred en France ou Paco en Espagne, beaucoup ont l’opportunité d’essayer. Une fois qu’ils découvrent le rapport prix/plaisir/polyvalence du Raceboard, ils sont accrochés. En ce moment, il n’y a pas beaucoup d’options pour les jeunes qui sortent du programme BIC Techno et veulent continuer la planche à voile à un coût raisonnable, dans un environnement fun et de course équitable. J’espère que nous pourrons les attirer et renforcer la classe. Une fois que nous aurons un nombre suffisant de jeunes, je crois que l’effet boule de neige fera le reste.

Souhaites-tu ajouter quelque chose ?

De l’air pour respirer, du vent pour vivre, rendez-vous sur la Côte d’Azur !

PATRIK