Interview d’Alex Gallier, de retour aux affaires !!  Alex, basé sur Cannes, ilest issu des filières jeunes et de l’illustre maison de la Mer de Mandelieu qui a fait éclore de multiples champions dans les années 90 sous la baguette magique de Didier Piednoel. Il a vite progressé pour décrocher un titre de champion du monde Raceboard en 1992 puis intégrer l’Equipe de France olympique en mistral One Design. Après un long break, Alex revient est revenu parmi nous l’année dernière redécouvrant la Raceboard et ses évolutions sans avoir perdu l’esprit de compétition.

 Revenu à la raceboard l’année dernière, quelles évolutions as-tu vu sur la pratique entre les années 90 (en 7.5m²) et à présent (en 9.5m²)?

 La principale évolution matérielle concerne la taille des voiles qui a pris 2 m2 ce qui est beaucoup. Les planches sont moins techniques qu’avant mais je les trouve aussi moins performantes certainement sur certaines allures comme le près.

Les voiles sont plus faciles qu’avant et beaucoup plus tolérantes dans le vent fort. Je suis surpris de pouvoir tenir une 9,5 m2 dans des manches à plus de 20 nœuds. Mon premier réflexe l’année dernière a été tout de suite de prendre ma voile de 8,5 m2 dès que le vent montait. Maintenant je me demande si je vais la conserver vu qu’en course, je ne l’utilise pas.

Les formats de parcours sont aussi différents de ceux pratiqués dans les années 90 où nous faisions des parcours en W dont je suis nostalgique à vrai dire. Nous avons du matériel qui se prête bien à ce type de parcours mais ils ne sont pas proposés, du moins pas encore.

L’année dernière tu avais fini 8ème du championnat de France pour un retour à la compétition. Cette année, tu as manifestement beaucoup travaillé ton matériel, de la planche au gréement, soldé par un podium sur ce championnat de France. Quels sont les axes prioritaires à travailler pour gagner en performance ? 

 Je pense qu’avant tout il faut naviguer pour être performant. C’est un peu bateau comme réponse mais nous pratiquons un sport où le travail sur l’eau finit toujours par payer. Après si l’on recherche l’efficacité dans l’investissement, je pense que le principal est d’acquérir un matériel adapté à son gabarit et de bien savoir le régler. 

En Raceboard, tout est important, le gréement comme la planche pour atteindre la performance. C’est pour cela que cette année je n’ai pas hésité à tout changer (gréement et planche), mais j’ai encore beaucoup à faire pour gagner en performance. J’ai aussi pas mal travaillé sur les ailerons avec la complicité de Philippe Cecchi de Gasoil, qui fait vraiment un super boulot. 

Cependant, j’ai encore beaucoup d’idées pour l’intersaison avec un travail encore sur le gréement et sur la planche aussi. 

Mon objectif cet hiver est de travailler aussi dans le petit temps dans lequel j’ai encore de grosses lacunes en vitesse et surtout de travailler de temps en temps collectivement avec d’autres Raceboarders. Naviguer c’est bien, mais avec d’autres c’est mieux afin d’avoir des repères. 

Eric Belot – Jean-Baptiste François – Alexandre Gallier

Championnats de France Raceboard Sénior 2023 – Lacanau CVLG

Plus globalement, es-tu satisfait de ta saison?

 Il y a eu des hauts et des bas. Dans la brise, je pense avoir retrouvé un niveau satisfaisant, même si j’ai encore du travail à faire pour gagner en vitesse surtout dans les remontées au vent. 

Dans le petit temps, je n’ai pas progressé, et il va falloir sérieusement remettre en cause certains paramètres pour être plus performant la saison prochaine. 

Heureusement pour moi que nous avons eu pas mal de manches ventées à Lacanau, sinon il faut être réaliste, je n’aurais jamais pu réaliser cette performance. Je l’ai bien vu lors des championnats d’Europe où je me suis trainé à la 23ème place. J’étais forcément déçu mais j’étais à ma place vu mon manque de vitesse dans le petit temps ou petit médium. 

Le bilan de tout cela est qu’une planche plus volumineuse serait plus adaptée pour moi, et un travail en groupe à l’intersaison est nécessaire pour valider des axes de travail. 

L’année prochaine, tu vises plus haut ?

 Oui forcément ! 

J’irai à Cadix aux championnats du Monde. La dernière fois que j’y suis allé, j’ai gagné mais c’était une autre époque. 

Mon souhait est de pouvoir rivaliser au moins sur quelques manches avec les meilleurs au niveau international l’année prochaine. 

Je serai évidemment présent aux championnats de France aussi et j’espère pouvoir participer à une ou deux épreuves en intersaison ou au printemps. 

C’est important de se mesurer et de travailler en mode compétition. C’est forcément différent que de naviguer seul, tranquille au harnais, même s’il faut le faire régulièrement pour se maintenir en condition.

Quelle est ta vision sur la raceboard actuelle en France  et ses perspectives ?

 Je pense que la pratique est très fédératrice et inter-générationnelle. 

Le travail réalisé sur les championnats de France nous permettra certainement de résoudre notre déficit d’image. La raceboard a de belles perspectives en France. Il y a un gros réservoir de jeunes sur les supports monotypes Bic, et nous devons travailler sur les passerelles après la Bic, dont la raceboard fait partie. Ce qui nous manque bien souvent dans chacune de nos régions, c’est une dynamique de groupe. Dès qu’elle est présente, les pratiquants reviennent et la machine est relancée. Les Div II ont magnifiquement redressé la barre cette année et c’est un grand plaisir de revoir une vingtaine de concurrents cette année, grâce aux initiatives de certains qui n’ont pas ménagé leurs efforts, mais le résultat est là. En Raceboard, c’est exactement pareil. Si nous proposons à certains de les accompagner, de se rassembler, alors la dynamique viendra, j’en suis persuadé parce que nous avons la chance de pratiquer sur un support qui peut naviguer dans quasiment toutes les conditions et qui reste extrêmement spectaculaire et fun. 

Tu tagges sur les réseaux sociaux : emmène ton jeune. Peux-tu nous dire en plus sur cette initiative ?

 L’idée est que chacun d’entre nous puisse accompagner et aider au moins un ou une jeune à s’essayer à la pratique Raceboard. Cela passe par de la recherche de matériel et c’est faisable à des coûts tout à fait raisonnables. Personnellement, si je peux accompagner un jeune aux championnats de France, voire aux championnats du monde, je le ferai avec grand plaisir. Et je l’annonce aujourd’hui – avis aux amateurs qui ont envie de nous rejoindre – je prendrai à ma charge les frais de déplacement et d’hébergement du jeune qui m’accompagnera. Il faudra juste qu’il soit en Méditerranée ou très proche pour plus de facilité, mais je le ferai, je m’y engage. Après ce serait bien de pouvoir accompagner un jeune toute l’année. S’entraîner certains week-ends avec lui et l’emmener ensuite en régate. 

 Tu t’es engagé pour porter l’organisation du championnat du monde Raceboard 2025 à Cannes avec le Yacht club de Cannes.  L’attribution étant acquise, quelle est la suite du programme?

 Nous travaillons avec le Yacht Club de Cannes sur les dates précises et après nous allons enchaîner rapidement sur des aspects pratiques et financiers. Dès 2024, nous allons rechercher des partenaires financiers et matériels. 

Mon voyage à Ibiza m’a permis aussi de découvrir les besoins des coureurs pour qu’ils soient bien accueillis. C’est un aspect primordial pour la réussite du championnat. Le YCC travaille essentiellement sur les aspects de course et d’organisation sur l’eau. 

Avec FRA, nous aurons plus un rôle de préparation de la logistique à terre (hébergements, repas, etc…), des financements et des aspects communication autour de l’événement. En tout cas je suis très motivé car le lieu est magnifique et propice à de très belles courses. 

 Ton programme 2025? 

 Championnats du Monde en septembre à Cadix, championnats de France en octobre. Peut-être l’open de France à Biscarrosse en août, si nous avons l’opportunité d’être plus nombreux que cette année. Et j’aimerais bien faire quelque chose au printemps. Peut-être que je rejoindrai l’équipe du Grand Est qui se rend dans le golfe de Saint Tropez chaque printemps, pour tirer quelques bords avec eux. 

 Enfin je voulais conclure en remerciant tous les bénévoles et organisateurs qui œuvrent pour que nous puissions faire de très très belles régates. L’association FRA et toi Fred qui faites un boulot remarquable. Un grand bravo et merci à tous. Sans vous, nous ne pourrions pas faire grand-chose, et votre travail dans l’ombre est essentiel à notre pratique. 

La-dessus, il y a aussi une vraie réflexion à avoir pour encourager et remercier tous ceux qui s’investissent tout au long de l’année.