Clément Dumontel, C’est l’histoire d’un jeune qui contacta en septembre la page facebook de F.R.A. pour l’aider à préparer sa participation au championnat de France Raceboard quelques semaines plus tard. Projet un peu fou de se lancer sans matériel et sans avoir jamais navigué sur une Raceboard en compétition. Projet poussé par l’énergie de Clément à faire bouger les « choses » et au final projet réussi. Cela a été aussi l’occasion de découvrir une belle personnalité avec un sourire permanent. Nous ne pouvions pas rater l’occasion d’obtenir son retour d’expérience à chaud. Même plus, nous en avons profité pour l’interroger objectivement sur la pratique Raceboard et notamment d’obtenir ses propositions

Clément en quelques mots ?

J’ai commencé la voile vers mes 5 ans dans une école de voile du Cantal, le club nautique du Pays d’Aurillac. Mes grands-parents avaient le camping à 50 mètres du club, donc je passais mon temps là-bas. A cette époque j’ai appris les fondamentaux en PAV, en dériveur et en cata. Je n’ai jamais fait de régate, le club n’était pas construit autour de la pratique en compétition. Puis j’ai passé mon CQP et j’ai commencé à enseigner (voile scolaire, stages d’étés, licencié du club.) Je pratiquais seulement pour le plaisir et la quête de sensations. Je me suis donc naturellement tourné vers la pratique « vague ». Aujourd’hui je passe mon DEJEPS voile légère et je suis en alternance avec l’ENVSN, c’est le paradis pour pratiquer la planche sous toutes ses formes : foil, slalom, vague et régate. Comme je devais faire un certain nombre de régates pour rentrer en formation, j’ai fait le choix de les faire en raceboard, car j’étais sûr que les compétitions ne seraient pas annulées contrairement au foil et au slalom.

Cullera était alors un petit coin de paradis quasi sauvage au milieu des orangers et citronniers, qui connut ensuite l’urbanisation pour devenir une cité balnéaire. S’ils ont vu le paysage changer au fil des années, rien ne les empêcha de former à la pratique du windsurf, nombre de locaux et tout autant de français, résidant l’été, sans barrière de langue. Un atout.

Ce spot saisit autant par sa beauté : une grande plage de sable fin et une montagne attenante en sortie de baie avec d’impressionnants points de vue, que par la météo estivale idéale: vent faible le matin, idéal pour l’apprentissage et le thermique se renforçant petit à petit l’après-midi jusque 15-20 nœuds faisant l’affaire des plus sportifs. Christian est aussi un fin régatier en Raceboard et n’hésite pas à se mêler l’après-midi aux entrainements après les cours du matin.

Fort de tous ces bons ingrédients, c’est 47 années de succès qui durent, nourries par la convivialité et la bienveillance de Cristina et Christian pour transmettre leur passion partagée au plus grand nombre. Christian garde toujours un œil sur le plan d’eau avec intuition et expérience, pour récupérer les « brebis égarées ». Impossible pour lui de quitter le spot avec le moindre doute. C’est aussi avec émotion que Christian raconte l’époque des régates improvisées au club à même la plage où chacun apportait des lots pour des remises de prix festives. Peu importe le niveau, seul comptait le fait de partager le moment entre tous ! Le nom donné à ces régates est sans équivoque : la régate de l’apéritif. Des rassemblements improvisés qui pouvaient atteindre la quarantaine participants !

Tu m’avais contacté pour t’aider à t’équiper pour ce championnat partant de rien, peux-tu finalement nous raconter comme tu es parvenu à le faire seul ?

Oui, très vite je me suis mis en recherche de matos pour pouvoir faire le France. Mon tuteur Eric Flageul à l’ENV, m’a donc aiguillé pour rejoindre le groupe France Raceboard sur Facebook, j’ai juste mis un message et j’ai très vite eu pleins de réponses. Tu as vraiment pris le temps de m’aider en me proposant pleins de solutions. J’avais un budget très limité étant alternant, c’est comme ça que j’en suis venu à appeler ma mère pour qu’elle ressorte du hangar de mon club sa « vieille » F2 lightning, un coup de chiffon et elle était comme neuve. Pour la voile j’ai eu la chance de trouver un gréement RSX dispo à l’ENVSN. Sincèrement, c’est génial de naviguer sur du matos comme ça, au regard des problématiques climatiques actuelle ressortir une planche des années 90 et la remettre sur l’eau ça prend du sens. En plus, ça reste très compétitif, même si mon résultat ne le laisse pas penser. Quand tu regardes, tu as pleins de racer devant moi avec des planches aussi bien ou même moins bien que ce que j’avais. Avec un budget de 0€ j’ai réussi à m’équiper pour faire un championnat de France, c’est pas toutes les séries qui permettent ça…

Qu’est-ce qui t’a poussé à venir sur une série où tu n’avais manifestement jamais «mis les straps» ?

Tout d’abord c’est l’obligation de devoir faire au moins une grade 3 pour valider mon entrée en formation. Ensuite, c’est le fait de pouvoir juste avec des barres de toit sur une Clio, transporter tout son matos. Et enfin, c’est le plaisir de faire de la compétition sur un support que j’ai toujours pratiqué en loisir.

Peux-tu nous raconter ta course ? tes à priori et comme cela s’est passé en vrai ?

Le premier jour, je ne voulais vraiment pas gêner ou faire tomber les autres, j’étais dans l’optique de partir « deuxième rideau » et ensuite de faire ma course, je me suis vite rendu compte que je ramassais les bouées en faisant ça… Le deuxième jour j’ai pris un peu plus de risques au départ et du coup j’étais plus dans le « paquet sur le bord de pré ça m’a obligé à devoir faire des choix tactiques, souvent mauvais, mais au moins j’ai commencé à jouer avec cette composante et s’était vraiment plaisant. Les sensations de plannings au portant étaient vraiment cool, pourtant j’avais des aprioris sur les capacités d’une planche de cette taille. Le 2ème et 3ème jour, je ne me suis plus trop attaché au résultat, mais plus à faire la course avec le petit groupe dans lequel je me retrouvais souvent. C’est ça qui est génial, même si tu ne joues pas devant, tu peux vraiment faire une course dans la course avec des coureurs avec qui tu te retrouves souvent et l’ambiance était vraiment super sympa !!

Quelles ont été tes relations avec les autres raceboarders ?

Franchement c’était super, je ne connaissais personne, et le premier jour y a au moins trois quatre gars qui sont venus me voir pour m’aider dans les réglages de la voile. Sur l’eau, c’était pareil j’ai pu bénéficier de pas mal de conseils. L’ensemble des coureurs étaient là pour passer un bon moment tout en gardant l’esprit compet’ et ça a permis de faire un très bel événement.

Ton bilan et tes projets pour le futur en Raceboard ? Simple passage ou espoir de te revoir ?

Je vais avoir du mal à délaisser le funboard pour la race, mais c’est un super complémentaire. L’avantage c’est que j’ai une marge de progression importante sur ce support. J’ai tellement à apprendre tactiquement et techniquement, que je peux garder mon matériel actuel et continuer de progresser, je suis donc moins bloqué par l’aspect financier. Donc, si j’en ai la possibilité, vous me reverrez sur le championnat de France 2023.

Etant dans la tranche d’âge 18-25 ans, quelles seraient tes recommandations pour attirer davantage sur cette tranche d’âge ?

Au niveau de la communication peut-être ouvrir sur une page INSTA.

Ensuite pour la problématique d’attirer du 18-25 ans ce support, je pense qu’il faut garder à l’esprit que le foil attire en planche parce que c’est le support olympique, et que le championnat de France Elite est sur ce support. Ceux qui vont continuer l’IQ de 18 à 25 ans pour la majorité ça seront des sportifs Equipe de France, pôle France etc. Les autres, ils vont commencer leurs études sans avoir le double projet. A mon avis c’est ceux-là que tu peux réussir à attirer. Je pense qu’il y a un travail à faire avec les universités, championnat de France universitaire etc. et récupérer ces pratiquants pour les championnats de France Raceboard.

Donc pour la tranche d’âge « étudiant », tu vas te heurter au problème du portefeuille. Ce qui entraine deux problèmes : s’équiper et se déplacer, déplacer son équipement.  Des étudiants avec des vans et des remorques, tu n’en as pas énormément. Dans mon cas, j’ai tout mis sur la Clio, mais le budget essence avec la prise au vent et le poids ça n’a pas été négligeable. Covoiturer est possible mais cela reste compliqué avec un petit véhicule. 

Pour la problématique d’identifier et de communiquer auprès de ce public jeunes adultes, je préconiserai une communication fédérale sur plusieurs points.

  • Si tu arrêtes le foil parce que t’es plus dans une filière haut niveau mais que t’aimes la régate et la planche on peut te proposer ça.
  • Identifier les pratiquants libre (non licenciés) grâce à des actions sur les SUAPS et de l’affichage dans les universités, les campus. Donc réfléchir au niveau fédéral, à une licence « étudiante » en conventionnant avec des clubs proches des lieux d’études.
  • Aider ces clubs à acquérir du matos ou se renseigner auprès d’eux pour savoir s’ils n’en n’ont pas dans les « greniers ». Afin que les étudiants puissent naviguer avec
  • Si ces solutions sont trop compliquées, alors il faudrait prévoir un circuit universitaire en fournissant le matos par le biais de la fédé, de l’association de classe et de la FFSU.

Pour la tranche d’Age qui entre dans la vie active les « 22-25 ans »,  Je pense que tu as moins de problèmes liés au financier (à partir du moment où ils trouvent un emploi). Donc là tu peux réussir à raccrocher des personnes qui ont pratiqué dans leur jeunesse de la 293 par exemple, qui ont arrêté et qui veulent reprendre une activité physique, et dans ce vivier retrouvé des personnes motivés à faire de la compète. J’ai un peu de mal à imaginer des préconisations pour ce groupe.

La dernière préconisation que je ferais, c’est pour le coût des épreuves. Il y a  peut-être une stratégie à avoir auprès des étudiants en réduisant leur coût d’inscription. Le club organisateur peut augmenter un peu la part «vétéran » pour pouvoir réduire un peu le tarif étudiant. Donc un peu à l’image d’un financement participatif.

Question Matos, quel matériel leur adresser sachant que le matériel Raceboard pour la compétition reste cher à achat neuf ? Quelle surface de voile sur est le mieux selon adaptée toi pour les jeunes filles et jeunes garçons sur ta tranche d’âge qui viendrait courir en race board

 C’est une question à mettre en relief avec la question précédente, si tu cherches à développer ton nombre de pratiquants il faut réussir à limiter le nombre de contraintes mais en même temps tu ne peux pas te planter sur les règles du jeu au risque de gagner des pratiquants et de les perdre aussitôt après la première compète.

Pour les voiles c’est un débat sur lequel j’ai du mal à me positionner. Si tu fais une limite de taille max tu peux te dire que tu laisses le choix au coureur en fonction de son physique. Mais en même temps tu favorises la course à l’armement : essayer d’avoir le plus grand possible avec le poids du matos le plus petit possible. Donc si t’as des sous : t’es « full carbon » au prix fort.

Est-ce qu’adapter la surface de voile en fonction du genre et du poids du coureur pourrait être une bonne évolution ?

Ensuite, le matos en fonction du poids du coureur, tu rentres dans un schéma où si tu prends du poids tu dois changer de matos. A 18 ans les « mecs » sont encore en train de s’élargir. Tu as des variations de poids phénoménales à ces âges. En plus, il faudrait peser les mecs au championnat de France et quand tu vois que tu peux avoir des écarts entre deux balances ça rend la chose encore plus compliquée.

Et après tu peux faire de la monotype, mais tu donnes l’occasion à une marque d’avoir le monopole et de faire gonfler ces prix.

Merci Clément d’avoir partager ta réflexion, merci également d’avoir partager cette belle aventure. Tous nos vœux de réussites dans ton projet de formation et ceux futurs.