Alain est couronné fraichement champion de France Raceboard 2022 à Lacanau à l’issue d’un duel très serré avec Eric Belot., tous deux ex membres de l’Equipe de France olympique. Comme quoi, le talent ne se perd pas !  Donc duel purement sportif de deux régatiers très expérimentés mais aussi duel dans le choix matériel puisqu’Alain a une planche techniquement en rupture avec les standards habituels bien que respectant les critères techniques qualifiant une raceboard. Cet interview est l’occasion de mettre en avant notre nouveau champion de France et d’avoir ses avis autant sur la course que sur des aspects plus techniques.

Alain, champion de France Raceboard, cela a dû en étonner plus d’un, bien plus habitués à te voir sur un D2. Peux-tu nous exprimer ce qui t’a amené à venir sur ce championnat avec un planche assez particulière par rapport aux standards habituels (planche planante plate) ? Tu as profité de l’ouverture laissée par l’association de classe française qui laisse courir toute planche à la jauge internationale dans ses caractéristiques chiffrées.

Depuis que je me suis remis à faire de la planche div2, les confrontations avec les raceboards ont été inévitables. j’ai été surpris par la vitesse des raceboards au près dans tous les types de temps, très semblable aux div2. mais je pense qu’une planche type div2, plus courte pour rentrer dans la jauge raceboard, peut être plus performante dans les conditions que l’on rencontre 90% du temps sur les régates les week end.. Bien sûr, sur un championnat venté, une raceboard plate restera plus performante. Et puis, en dehors de la performance, naviguer au près calé sur la tranche sur une div2 est bien plus plaisant que sur une raceboard plate, à mon avis.

D’où l’idée de faire une div2 courte qui soit aussi une raceboard. J’ai fait un plan et avec Bernard Buren, qui pensait la même chose que moi, nous avons décidé de contacter 3bay pour qu’il en fabrique une et la fasse homologuer auprès du World Sailing comme planche de production.

 Où  en es-tu vis-à-vis de l’homologation de cette planche au World Sailing et de sa production ? 

Le probème c’est que je n’ai pas eu ma planche fin 2019. En 2020 et 2021 peu de compétitions se sont déroulées à cause du COVID. je n’ai fait que le GMT (Raid dans le Golfe du Morbihan) et le mondial vétéran raceboard a fontaraby ou les condition de vent et de mer ne m’ont pas parmi de faire le point sur ce type de flotteur comparé aux raceboard classiques. Donc la visibilité des résultats n’a pas été très « vendeur » mais certains Espagnols étaient intéressés et ont voulu en commander à 3bay. le problème est que 3bay avait sous-estimé la difficulté de fabrication de ce genre de flotteur, et a préféré arrêter la fabrication avant d’en avoir fait 10, ce qui aurait permis l’homologation de la planche pour les championnats internationaux. Du coup l’homologation temporaire dont bénéficiait la planche prend fin en 2023.

Tu as dû batailler assez rapidement dans un duel avec Eric, à priori le seul à pouvoir te donner une vraie opposition sur toute l’épreuve. C’est aussi l’histoire qui se répète car vous vous êtes côtoyés à haut niveau dans les années 80/90. Comment as-tu vécu cela ?

J’ai trouvé cela super de me retrouver sur la ligne avec Eric. Cela a été un beau duel, comme tu le dis. Il est plus jeune que moi, plus physique, mais je bénéficiais d’une planche plus rapide dans les conditions rencontrées, cela équilibrait les choses et nous a motivé tous les deux. Nous n’aurions pas navigué aussi bien si l’autre n’avait pas été là.

Derrière, seule Jeanne et Damien, une féminine et un jeune ont été en mesure de venir perturber ce duel. L’as-tu aussi vu comme cela ?

Si Jeanne avait eu une 9.5 elle aurait certainement joué avec nous sur certaines manches Damien, et Benoit aussi, sont venus se mêler au jeu, le rendant encore plus intéressant. Derrière Eric et moi, les autres n’étaient loin, il y avait du niveau, comme on dit.

Quels sont tes projets pour le futur en Raceboard ? avec l’ebay ? sur une Raceboard planante ? où étais-ce une « pij » pour cette année.

Ce championnat a pour moi confirmé mon hypothèse sur ce type de planches rondes face aux raceboards classiques. Dans la manche 6, ou le vent était le plus fort, je suis tombé au 1er vent arrière avec le pied de mat à l’avant en cherchant un angle différent des raceboard, alors qu’au 2ème, j’ai pas cherché à réinventer l’eau tiède en reprenant les mêmes angles que les autres. Je n’étais pas moins performant. Je finis 5 mais sans ma chuté je finissais 3, juste devant toi Fred 😉

je vais continuer à régater de temps en temps en planche, soit en Lechner soit avec la 3bay, mais pas à l’international puisque la planche n’est plus homologuée. A ce sujet si quelqu’un veut relancer le truc d’une raceboard ronde, je suis prêt à lui céder mon plan 😉.

je ne fais pas que de la planche, je suis aussi champion de France de dériveur double a la Rochelle avec mon frère cette année. Donc j’essaie de faire le maximum en fonction du chevauchement des calendriers. A présent retraité depuis 4 mois, je devrais en faire davantage l’année prochaine, si mon rôle de papy ne me bloque pas trop 😂.

En fait j’ai failli aller faire une régate de skiff à Sanguinet a la place du championnat de France raceboard, mais les problèmes rencontrés l’année dernière m’ont fait choisir la planche à Lacanau, où l’on est très bien accueilli. L’accueil est déterminant quand tu ne cherches que le plaisir de naviguer.

Un mot sur des « camarades » venus régater en D2 en nombre suffisant pour la première fois sur la national d’automne.

C’est super que tu aies ouvert la régate aux div2. Si je n’étais pas embarqué dans ce projet 3bay, je serais venu en Lechner. Les div2 ont été prévenues un peu tard et si c’est reconduit l’année prochaine ils seront plus nombreux, et j’en ferai peut-être parti.

La seule chose que je regrette c’est de ne pas avoir un classement scratch avec toutes les planches présentes sur la ligne.

Autre chose à ajouter ?

Merci a toi pour tout ce que tu fais pour la raceboard et pour les planches à dérive, qui sont les seuls supports où tu passes rarement tout le WE sur le parking à attendre qu’il y ait suffisamment, ou moins, de vent pour courir. 

Merci Alain, encore Bravo pour ta superbe performance. A bientôt sur l’eau.